Le rêve est permis, n'est-ce pas, Seigneur ?

Je t'en prie, accorde - moi de vivre mes jours difficiles avec plus de rêves que de nostalgies.

Car la nostalgie rend triste et entraine des regrets ou des remords,

Alors que le rêve peut donner des ailes même quand on est enfermé.

Et toi, Seigneur, est-ce que tu rêves ?

Je ne vois dans l'Évangile aucun endroit qui me parle de tes rêves, c'est dommage.

Et si nous rêvons ensemble, veux-tu ?

Ce dont je rêve rejoint un peu ta maison, ou ton royaume si tu préfères.

Oui, je rêve de ce nouveau monde où il n'y aura plus de barrières qui nous séparent.

Je rêve de cette contrée où au lieu d'appliquer aveuglement la loi de Talion comme nous faisons tous les jours ici,

nous saurons, et nous oserons aimer ceux qui nous font du mal comme tu nous as enseignés.

Et je sais que tu n'es pas utopique, ce n'est pas dans tes habitudes.

Au contraire, tu es très réaliste en nous disant cela.

Car la loi de Talion n'a jamais arrêté les vengeances, les conflits, les guerres, les souffrances...

même quand les bourreaux ont été exécutés à cause de leurs crimes.

Or, ta loi, ta nouvelle loi qui au départ peut paraître folle,

Elle est géniale car elle fait grandir l'homme, celui qui pardonne et celui qui est pardonné.

Elle est géniale car elle te permet de venir vivre en nous pour chasser les ténèbres qui nous envahissent et pour y mettre ta lumière.

Elle est géniale car elle fait surgir la vie là où la mort domine.

Et quand tu nous dis d'aimer ceux qui nous font du mal, tu le dis au nom de la vie et non de la mort.

La justice est très importante, il faut qu'elle existe pour que ce monde ne devienne pas une jungle

Où les plus forts dominent les faibles.

Mais l'amour est encore plus essentiel pour que la vie soit vivante, surtout quand c'est impossible d'aimer.

Je rêve que quand les souffrances sont trop insupportables,

la bienveillance envers soi-même est plus grande,

plus forte que les répercussions en soi des épreuves subies.

Je rêve que dans ton jardin, à côté de ta maison, un jour,

les victimes et les bourreaux se retrouveront en paix, dans ton pardon, dans ta lumière, et dans ton éternité.

Et toi, tu sais pourquoi je fais ce rêve, Seigneur, n'est-ce pas ?

(Mots inspirés du livre "La Cabane" de W. PAUL YOUNG, Éditions La Maisnie-Tredaniel)