À mon frère, Lazare !
(Mot écrit le 29 mars 2020 et réécrit après la mort de ma mère le 30 mars 2020)
Je suis comme toi,
Je suis mort déjà depuis longtemps ?
Depuis ce temps où je me suis trouvé devant la vérité de ma vie : une vie intérieure chaotique avec une façade colorée qui ne pouvait plus continuer.
Et je suis mort de ce que j'étais : une figure publique, un être adoré...
À cause de mes fautes, j'ai été condamné, incarcéré,
Et deviens logiquement un sous-homme à bannir pour beaucoup.
Depuis, je vis comme un ermite dans la ville, un errant dans la vie.
Mon père est mort, et je ne pouvais même pas être là pour l'enterrer.
Ma mère vient de mourir, étant contaminée par ce virus mortel qui envahit le monde, et je ne peux que la pleurer de loin.
Et ce n'est que justice pour moi, car il faut que je paye mes lourdes fautes du passé.
Aujourd'hui, l'Évangile me parle de toi, mon frère Lazare, un cadavre déjà décomposé depuis quatre jours. Qu'est-ce que je te ressemble, en pire, car je suis décomposé depuis des années déjà !
Je ne peux que survivre avec ces mots entendus un jour : "Dieu récupère mes déchets pour faire de l'engrais qui fleurit la vie ailleurs !"
Oui, quelle vie de déchets je suis !
Mais toi, Lazare mon frère, tu as Jésus qui est venu te sortir du tombeau,
Lui qui a pleuré devant ta mort et qui t'a délié de ces liens mortels.
Le Fils de Dieu pleure ta mort, tu te rends compte ?
Est-ce qu'il pleure aussi ma mort lente depuis tant d'années ?
Est-ce qu'il va me sortir de ma tombe ? Je ne sais pas, car la peur et la tristesse sont toujours là, qui débordent mon cœur et ma vie de chaque jour.
Mais au fond de moi, au plus profond de ce cadavre décomposé que je suis devenu depuis si longtemps, je veux le croire,
Je veux croire que c'est possible.
Tu sais, Lazare, je veux dire à Jésus les mots de ta sœur Marthe :
" Moi, j'ai toujours cru en toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde."
Et j'aimerais l'entendre me dire :
"Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?"
Et j'aimerais l'entendre ordonner aux autres :
"Enlevez la pierre !" avant de me crier comme il a fait pour toi :
"Ô cadavre décomposé depuis longtemps, viens dehors !"
Oui, je crois en lui, même si mes fautes sont toujours là devant moi.
Même si beaucoup ne me pardonnent pas à cause de mes actes qui ont offensé ceux que j'aime.
Je crois qu'il peut me sortir de ma tombe, car je crois qu'il m'aime, comme il t'aime.
Merci, mon frère Lazare, de me permettre d'écrire ces mots.
Là où tu es, prie pour moi et avec moi s'il te plaît.
Seigneur Jésus, je me remets entre tes mains chaque jour,
Même si je ne suis qu'un cadavre décomposé par mes péchés.
Pardonne-moi,
Console tous ceux à qui j'ai fait du mal,
Ces amis, ces êtres très chers à qui je demande pardon chaque jour restant de ma vie même si c'est impossible pour moi de me faire entendre.
Sauve notre humanité éprouvée par cette pandémie de Coronavirus.
Et fais de moi ce qu'il te plaira, ô mon Dieu.
Amen.