Je pleure...
Seigneur,
Depuis des années, je pleure mes fautes,
Aujourd’hui, je pleure ma honte, notre honte.
Depuis des années, je pleure ma douleur face à la souffrance de ceux et celles à qui j'ai fait le mal,
Aujourd’hui, je pleure ton Corps abîmé.
Je pleure les membres bafoués de ce Corps,
Je pleure les bourreaux qui ont causé ces souffrances,
Je pleure ma part de responsabilité dans cette grande blessure communautaire,
Je pleure en sachant que toi, tu en as pleuré avant moi, avant nous, ces fautes de l'homme, des hommes...
Il faute mourir pour vivre, comme toi, quand on est chrétien,
Je l'ai compris théoriquement depuis longtemps,
Je l'ai vécu dans ma chair depuis dix ans,
Et aujourd'hui, je vis atrocement cette mort de honte dans mon âme avec l’Église,
Je pleure, je pleure, je pleure...
Et je demande encore et encore pardon à tous ceux et celles à qui j'ai fait le mal,
Et je te demande pardon,
Car il n'y a pas de mal individuel sans que ton Corps ne soit pas affecté,
Et un vrai pardon ne peut se vivre véritablement sans que toi, le Crucifié, ne soit pas à la source ...
Ce pardon rêvé des hommes,
C'est possible ?
Oui, un jour, je crois,
Car une victime est plus grande que sa souffrance, que le mal qu'elle subit,
Avec toi, grâce à toi, et en toi, elle est plus grande que ces stigmates diaboliques,
Avec toi, grâce à toi, et en toi, elle peut mener une existence de paix véritable.
Et, je t’en supplie, apprends-moi à croire qu'en toi, un coupable est aussi un homme, une créature, un enfant de Dieu,
Et il n'est pas réduit à des fautes commises,
Et qu'il soit ou non conscient du mal qu'il a fait, il n'est jamais rayé de ton cœur,
Toi, le Dieu de l'impossible, en qui j'ose espérer une réconciliation finale inenvisageable pour l'homme d'aujourd'hui.
Amen.